Will Guthrie — Nist Nah
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L'interview de Wlll Guthrie a été réalisée à l'occasion du concert radiophonique qui a eu lieu au confort moderne le dimanche 22 novembre 2020 et à l'initiative de Jazz à Poitiers, du confort moderne et du lieu Multiple. Il nous parle de son projet musical Nist Nah accompagné de 7 autres musiciens et basé sur l'utilisation du gamelan instrument traditionnel indonésien.
Peu sensible au concept de frontières, l’australien, Will Guthrie, a posé ses valises à Nantes en 2004. Jouant aux quatre coins du globe, il a, en une quinzaine d’années, gravé son empreinte parmi celles des plus singuliers batteurs et percussionnistes qui martèlent l’espace sonore des musiques expérimentales internationales. Avec son approche brute et pourtant érudite de l’instrument, on oublie la technique, on écoute la musique.
Habitué à tourner en solo, on le croise aussi régulièrement entourés de la crème des stakhanovistes de la free music d’aujourd’hui (Oren Ambarchi, Mark Fell, Roscoe Mitchell, Anthony Pateras, Jean-Luc Guionnet) mais sa musique dépasse tous les carcans des identités restreintes. Will Guthrie est aussi un homme qui s’est nourri de sons de partout, et il nous fait entendre ce qu’il en a digéré. Une musique aux racines apparentes mais à la modernité bien affirmée.
Ces derniers temps, son désir d’élargir toujours davantage son horizon l’a mené à l’étude et au jeu du gamelan, l’instrument traditionnel des musiques Indonésiennes. Cet instrument qui s’énonce au singulier mais qui est un ensemble de percussions, un orchestre d’éléments de métal, de bois et de peaux qui se joue nécessairement à plusieurs. De quelques personnes à quelques dizaines. Un instrument géant donc, tentaculaire. Une entité qui envahit l’espace sonore sur toutes ses strates et dans toutes ses dimensions. Un instrument au spectre infini, s’accordant la mélodie autant qu’usant de la pulsation jusqu’au ravissement.
Le gamelan charrie son histoire et s’inscrit dans un territoire. Il a fallu nombre de séjour en Indonésie avant que Will Guthrie s’en autorise l’usage. Un usage singulier qui a le mérite de savoir où est sa place, loin de l’appropriation culturelle exotique jouant l’indonésien à Paris, ni l’arrogance de l’emprunt anhistorique du matériau pour tropicaliser les sons du kit. Il préserve l’essence de l’instrument, sa valeur d’ensemble et la puissance du geste ainsi que le poids de la dimension sacrée qu’il véhicule, sans la singer, dans un certain respect profane qui donne une profondeur à sa musique.
Montage et photos : @ptreguer
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